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Dilna

Ce poème fait partie du recueil Mon présent est ailleurs publié par les éditions
"Le coudrier" en octobre 2009.

Il était déjà paru en 2005, dans la revue littéraire « Les élytres du hanneton» et dans le recueil Terre Commune, L’arbre à paroles en mars 2009.

Il fait référence à la danse traditionnelle toupouri et à l'époque de la fin du 19ème et du début du 20ème siècle (référence aux costumes ainsi qu'à la résistance et la victoire des toupouris face à l'invasion par les cavaliers Foulbés vers 1830). Je l'ai mis en musique dans une composition personnelle tout à fait libre. Elle n'a pas la prétention de reproduire le chant traditionnel même si elle s'est inspirée du rythme.

Les pieds tournent.
Ils martèlent le sol.
La poussière
Virevolte.

Les corps tournent.
L’un et l’autre,
L’un derrière l’autre.
Graves et souples.

Les corps balancent,
Les fesses fières.
Les mères avancent.
L’enfant au dos,

Les hommes et leur bâton.
Les enfants débutants,
Les sages édentés,
Les vieilles parcheminées,

Les jeunes filles graciles,
Les derniers initiés,
Au torse bombé.
Tous, ils dansent.

Plus rien ne compte.
Bercés par le rythme.
Le rythme de leurs pas.
Qui pèsent puis qui sautillent.

Le rythme du bâton,
Qui scande et qui rappelle :
Peuple du bâton.
Peuple libre encore.

Libre de ce qu’il croit.
Pas converti au Christ.
Encore moins à Allah.
Libre d’aimer les corps.

 

 

 

 

 

Elle,
Ses seins dansent,
Ses épaules tournoient,
Ses hanches s’envolent.

Lui,
Ses muscles se raidissent,
Le sel perle dans son dos,
Son bâton cogne le sol.

Elle,
Son corps est serpent.
Elle ondule des hanches,
Avec discrétion.

Lui,
Son corps est bâton,
Tendu vers la vie,
Bandé vers le désir.

Elle
Le voile de son costume
Effleure ses cuisses nues.
Tout le reste tourne autour.

Ses bras, ses pieds
Qui sortent du cercle,
Au rythme des graines
Qui scandent la cadence.

Les danseurs sont ce corps,
Ce corps circulaire.
Les danseurs sont cette pâte
Qui lève sous les étoiles.

Dans la nuit de la plaine,
Froide et désertique.
Leur roue tourne,
Leur roue tourne.

Dans le sens inverse
Des aiguilles d’une montre,
Leur roue tourne,
Poussée par le chant.

 

 

Louanges que le chanteur
Module à leurs oreilles.
Youyou et cris des femmes,
Mélopée sans fin

A ses cordes tendues,
Au manche du dilna
Dressé en étendard,
Le harpiste les fait vibrer.

Ils tournent vers l’extérieur,
Vers la montagne de Doré,
Vers l’avenir,
Loin, vers ailleurs.

Regard vers l’intérieur,
Vers le groupe,
La communauté,
Le nombril des origines.

Hors le cercle,
L’infini fermé.
Vers le centre,
La sécurité

Dehors, dedans :
Ouvrir, fermer.
Il lui lance un regard,
Elle renvoie un sourire.

Son bijou de métal
Brille sur son menton,
Comme l’œil rond de la lune
Sur les danseurs.

Eèèèèèèèèèèèèèèyou !

Chchchch
Chchchch
Chchchch
Chchchch !
Eèèèèèèèèèèèèèèèèèyou !

 

 

Claire Ruwet